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Pourquoi chercher à remplacer la viande ?
Pourquoi remplacer la viande et plus largement tous les produits animaux ? Très simplement parce que les animaux sont comme nous, des êtres sensibles, que ce type d’alimentation n’est pas nécessaire dans nos conditions actuelles et que les conséquences humaines, sociétales et environnementales nous sont préjudiciables à court, moyen et long terme. Toutefois, ce simple constat est bien souvent difficile à regarder en face car nous avons tous accumulé des idéologies et des comportements qui masquent la réalité sous-jacente. En général, nous n’affrontons pas nos problèmes car notre héritage physio-psychologique agit comme une barrière que nous remettons rarement en question. Pourtant, si nous aspirons à une vie meilleure pour soi et donc pour les autres, c’est le chemin qui me semble le plus logique car on sait aujourd’hui qu’il est à la racine de bien de nos maux.
Il est un fait que notre vitalité dépend de ce que nous mangeons, de notre activité mais aussi et surtout des relations que nous entretenons avec nos proches et plus largement avec chaque être vivant. Quelle relation entretenez-vous avec les animaux, les chiens, les chats mais aussi les vaches, les cochons, les animaux sauvages ? Vous reconnaissez-vous en eux ou bien n’avez-vous que quelques idées sur ce qu’ils devraient ou ne devraient pas être ou avoir ? Je pense que cette question mérite d’être posée car si nous voulons changer d’attitude vis-à-vis des animaux, si nous voulons apporter un changement à la représentation que nous en avons, il nous faudra bien plus que de simples idées d’ici ou d’ailleurs qui n’auront qu’un effet superficiel et risqueront nous faire lutter contre des habitudes et créer de nouveaux clivages entre nous. Je pense que si nous voulons véritablement changer notre relation avec les animaux, il nous faudra regarder les choses telles qu’elles sont vraiment et pas selon une morale ou des croyances passées.
L’alimentation carnée : plus d’inconvénients que de bénéfices
Risques liés à la consommation de produits animaux
Les animaux d’élevage consomment ce que nous leur donnons et cette nourriture n’est pas toujours adaptée à l’animal (maïs OGM, farines animales, etc.), ce qui les rend malades ou faibles. Alors, on y rajoute des antibiotiques, de nombreux additifs et nous obtenons un cocktail aux multiples conséquences sur notre santé. Cette problématique concerne davantage les élevages intensifs où seul compte la productivité. D’ailleurs, n’oublions pas de préciser que les animaux d’élevage sont peut-être plus concernés que nous par la problématique des pesticides, qui se stockent dans leurs graisses et qui se retrouvent dans notre assiette.
En plus de leur fournir une alimentation déstructurante, nous les maintenons dans des conditions extrêmes, souvent en surpopulation et durant toute leur vie jusqu’à l’abattage. Il existe donc des risques sanitaires importants chez les animaux et l’Homme qui reste à leur contact (grippes, vaches folles, etc.).
Côté alimentation, vous savez que pour conserver la viande, nous nous servons des nitrites et de multiples additifs qui entraînent la formation de nitrosamines dans notre estomac, substances reconnues comme cancérogènes. À ce sujet, vous pouvez consulter le reportage de cashinvestigation sur l’industrie agro-alimentaire. Pour réduire l’impact de la nitrosamine, la consommation de fruits et de légumes au même repas reste nécessaire.
Sur le plan nutritionnel, l’excès de viande entraîne des effets néfastes variables en fonction de leurs composants :
- Les toxiques : antibiotiques, pesticides, additifs, OMG, etc.
- Les graisses : l’acide stéarique (acide gras saturé responsable des maladies cardiovasculaires)
- Les protéines : au delà de 2g par kg de poids, affectation de la sphère rénale. De plus, celles-ci sont corrélées à des problèmes de résistance à l’insuline et donc à l’obésité. Vous pouvez consulter le dossier solutions pour la perte de poids.
- Le fer : en excès, on peut lier à certains cancers et maladies coronariennes car celui-ci tend à oxyder les cellules, les protéines intracellulaires, les lipides et l’ADN (étude n°1).
- La réaction de Maillard (viandes grillées, barbecues) : nous amène à ingérer des molécules que notre corps d’éliminera jamais au cours de notre vie responsables de l’usure des tissus. Elle produit aussi des substances qui favorisent les cancers comme les amines hétérocycliques aromatiques (étude n°2), ou encore les hydrocarbures aromatiques polycycliques (étude n°3).
De manière générale, l’augmentation du nombre de cancers du côlon, de la prostate et du sein sont directement corrélés à la consommation de viande. Elle favorise également les maladies cardiovasculaires, le cancer de l’estomac, celui de la vessie et la maladie d’Alzheimer (étude n°4).
Quelques statistiques :
- Manger de la viande rouge (boeuf, porc, agneau, etc.) une fois par jour en moyenne, cela multiple par 2,49 le risque du cancer du côlon (étude n°5)
- 100g de viande par jour augmentent d’environ 20% les risques de diabète de type 2 (étude n°6)
- Selon les 22 chercheurs de l’IARC (organisme dépendant de l’OMS), 50g de charcuteries en plus par jour augmenteraient le risque de cancer du côlon de 18%
- Toujours d’après l’IARC, 100g de viande rouge en plus par jour augmenteraient le risque de cancer du côlon de 17%.
De par ces informations, vous pourriez vous détourner de la viande pour consommer des animaux marins mais le constat est similaire : la présence de déchets, de mercure, de plomb, PCB, Cadmium, pesticides fait que leur consommation présente de nombreux risques graves pour la santé. Seule possibilité : limiter la consommation de poissons, surtout ceux en haut de la chaîne alimentaire (thon, saumon, …) qui stockent tous ces produits dans leur graisse. A défaut de ne pouvoir s’en passer, l’usage de Chlorella permet de limiter les risques notamment ceux liés au mercure.
Même les populations des zones polaires (Inuits) doivent en limiter la consommation : leurs enfants sont de plus en plus nombreux à présenter des taux élevés en mercure et en plomb. Résultat : hyperactivité, déficit de l’attention (étude n°7).
Enfin, notez que la viande, les œufs et les produits laitiers (et la plupart des produits transformés) ne comportent pas de fibre, ce qui tend à augmenter le risque de diabète, maladie cardiovasculaire, syndrome métabolique, obésité et divers cancers. Une étude a montré que 97% des américains étaient en carence de fibre avec 15g par jour alors que nous devrions en absorber entre 25 et 38g par jour.
Apports en protéines, fer, vitamine B12 et la peur de la carence
Nous disons parfois manger des produits animaux parce que nous avons besoin de protéines. Cependant, les végétariens arrivent très largement à subvenir à leurs besoins. Vous pouvez voir la vidéo traduite du Dr Gregger sur le sujet du végétarisme et des protéines.
Quels sont nos besoins en protéines ? En prenant l’échelle la plus large, nous devrions consommer entre 0.5 et 1.5g par kg de poids corporel et par jour (donc 0.8g en moyenne). Par exemple, un homme de 70kg devrait ingérer en moyenne 40 à 60g par jour de protéines en fonction de sa masse musculaire. En pourcentage calorique, cela représente environ 10% de la ration calorique par jour.
Quant au fer, il est le plus sujet aux carences nutritionnelles dans le monde mais il ne concerne pas plus les végétariens ou végétaliens que les omnivores. Les produits animaux comportent du fer dit héminique qui présente l’avantage d’être plus assimilable que celui des végétaux. Toutefois, comme on l’a vu précédemment, celui-ci se transforme très vite en poison dès lors que nous consommons trop de viande (tous les jours, plusieurs fois par jour, >100g de viande / jour). Vous pouvez consulter sur cette page nos besoins en fer en fonction de notre âge. Veuillez noter que l’apport de produits laitiers, le thé, le café tend à diminuer l’absorption du fer. Dans tous les cas, un régime végétarien ou végétalien apporte généralement une quantité de fer suffisante et n’entraîne pas de risques contrairement au fer issus des produits animaux.
Enfin, l’une des oppositions majeures au régime végétarien ou végétalien, c’est la peur d’être en carence de vitamines B12. En effet, celle-ci est produite par les bactéries du côlon et n’est présente qu’en très faible quantité au niveau des plantes. De plus, même si nous produisons de la B12 dans nos intestins grâce à notre microbiote, l’apport ne serait pas suffisant. Sans autre information ou équivalence, nous devrions nous orienter vers la consommation de ruminants, qui concentrent une quantité non-négligeable en vitamine B12. Toutefois, il est possible de se complémenter de façon journalière ou hebdomadaire (la vitamine étant facilement stockée par l’organisme). Notre besoin tourne aux alentours de 2,8 μg / jour. Préférez des compléments de B12 à base de Methylcobalamine (forme la plus assimilable). Faites attention à ne pas tomber dans des aliments enrichis en vitamines B12 comme les céréales du petit-déjeuner qui sont composés majoritairement de sucres et sont des risques importants d’obésité et de diabète.
Les deux compléments conseillés pour les végétariens, végétaliens ou végans sont les suivants (sans lactose, sans gluten) :
- Solgar (meilleur prix)
- Health Leads (meilleure absorption)
La problématique de la B12 concerne aussi les omnivores, notamment toutes les personnes qui ont des problèmes intestinaux et qui ne peuvent donc pas assimiler correctement cette vitamine.
Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez aller sur ce site qui détaille nos besoins en B12.
Des alternatives à la viande : impacts sur la santé et le budget
Les viandes et poissons contiennent environ 18g de protéines pour 100g. Les protéines sont composées d’acides aminés et nous en avons besoin de 9 essentiels. Les produits carnés apportent l’ensemble de ces acides aminés mais pas tous les végétaux à l’exception du soja, il est donc important de diversifier ses sources. Parmi les aliments riches en protéines végétales et que j’utilise souvent ou quelques fois dans les recettes, on retrouve :
Les produits à base de soja (à consommer régulièrement)
- tofu, tempeh, produits dérivés : tofu fumé, lacto-fermenté, épicé, aromatisé, soyeux (entre 15 et 20g de protéines)
- boissons et crèmes (3g de protéines pour 100ml)
Les céréales dont certaines très riches en protéines :
- riz, sarrasin, souchet
- amarante, teff, lupin (peut remplacer le jaune d’œuf)
- farines (dérivées des céréales précédentes)
Les légumineuses (2 à 3x par semaine)
- haricots rouge ou Azuki, haricots blanc, haricots Mungo, haricots verts
- lentilles germées (la germination permet une meilleure bio disponibilité)
- pois chiches, farines de pois chiche
- luzerne (alfalfa), graine de fenouil germées, … (pratique pour accompagner les salades)
Les graines et les oléagineux (sans sel, 1 à 2 poignets par jour)
- Amandes : à faire tremper 12h pour enlever les anti-nutriments
- Noix de cajou : à faire tremper 4h si vous voulez retrouver un goût de fromage
- Noix de Grenoble
- Graines de lin, Graines de Chia
Les supers-aliments (ponctuellement)
- La Spiruline : en poudre ou comprimé (quantité et potentiel d’absorption très important)
- La moringa
- La poudre de baobab
Les plantes ou légumes verts(le plus souvent possible)
- Brocolis, Épinards, Artichaut, Kale, Chou frisé, …
- Orties
La plupart de ces aliments sont également riches en fer, donc il n’est pas nécessaire de chercher ailleurs.
Si vous souhaitez savoir précisément quel type de protéine consommer en tant que vegan ou végétarien (méthionine ou lysine), vous pouvez consulter la page suivante : « comment couvrir ses besoins en protéines »
La transition vers un régime végétal doit se faire en douceur car passer d’une alimentation carnée à une alimentation végétale, c’est apporter beaucoup de fibre en plus. Selon l’état de notre intestin, il est préférable d’augmenter progressivement la dose en fibre pour ne pas susciter des réactions inflammatoires ou de la constipation. De plus, la digestion des protéines végétales peut nécessiter plus d’énergie digestive et amener à de la fatigue. Selon certaines pathologies, il y a des exceptions qui peuvent également nous pousser à consommer des produits animaux. Le bouillon d’os est par exemple recommandé aux personnes qui souffrent de graves troubles digestifs (côlon irritable, cœliaque, maladie de Crohn) et aux personnes qui ont des problèmes articulaires profonds car cet aliment contient beaucoup de glycine et de proline (deux acides aminés favorables à la guérison).
Petit aparté : je propose sur ce site des recettes avec des œufs car je continue d’en manger. Je suis très sensible aux conditions d’élevages des poules et j’ai conscience que mes préparations ne vont peut-être pas dans le sens d’une amélioration de leurs conditions. Choisissez donc de préférence les labels qui tiennent compte des conditions d’élevage.
Des conséquences environnementales désastreuses
Nous domestiquons les animaux depuis la nuit des temps, peut-être au tout début par nécessité et dans une certaine forme de respect mais cette activité s’est transformée au fil des années pour aboutir à un clivage entre l’Homme et l’animal, où l’Homme s’est octroyé une sorte de supériorité relative (que nous détaillerons plus loin). Aujourd’hui, nous asservissons les animaux à large échelle et nous le faisons avec violence car nous les considérons comme des machines… et cela d’autant plus que les contraintes économiques sont présentes.
Produire 1kg de viande nécessite de puiser dans nos ressources en eau potable et de produire des céréales fourragères. On donne généralement les chiffres suivants :
- Pour 1kg de boeuf : 15400 litres d’eau + 25kg de végétaux
- Pour 1kg de porc ou de beurre : 6000 litres d’eau + 9kg de végétaux
- Pour 1kg de légumineuse : 4000 litres d’eau
Toutefois, selon l’INRA, pour 1kg de boeuf, il faudrait entre 550 et 700 litres d’eau (voir l’article idées fausses sur la viande et l’élevage).
Conséquences sur la faune et la flore
Nourrir et entretenir le bétail a un coût :
- Entraîne la production de millions de tonnes de farines animales (23 millions de tonnes provenant des animaux marins en 2005),
- Entraîne l’extinction locale de plusieurs espèces prédatrices et concurrentielles à l’alimentation humaine comme le loup ou l’ours
- Représente une espèce invasive par rapport aux espèces locales, qui modifie l’environnement (eau, interactions entre espèces). On assiste donc à une chute de la biodiversité locale.
- Entraîne des déjections polluantes
- Entraîne une baisse de la diversité génétique car seules les bêtes les plus productives sont sélectionnées
- Avec les animaux d’élevage, nous pesons en poids corporel 10 fois plus que le poids de toute la faune sauvage :
- Ensemble des humains = 300 millions de tonnes
- Ensemble des animaux d’élevage = 700 millions de tonnes
- Ensemble des animaux sauvages = 100 millions de tonnes
Pendant que nous envoyons 60 milliards d’animaux à l’abattoir chaque année, la biodiversité de la faune et de la flore sauvage s’écroule.
Conséquences sur l’air que l’on respire
Notre consommation d’animaux représente 14.5% des gaz à effet de serre (GES), ce qui est un peu plus important que la production de l’ensemble des véhicules de transport (voiture, camion, avion, train et bateau). Vous pouvez retrouver sur ce site la répartition des émissions par type d’élevage. Attention toutefois, les méthodes de calcul diffèrent entre la production de GES par la consommation d’animaux et les émissions par les moyens de transport (cf cet article de l’INRA).
Pour nourrir les animaux, il est nécessaire de produire de grandes quantités de végétaux. On utilise donc du fumier et des fertilisants qui libèrent de l’oxyde nitreux dans l’air. De plus, la création de ces terrains agricoles amène à la déforestation massive notamment en Amérique du Sud, ce qui réduit ainsi la capacité de la planète à absorber CO2 émis.
Ensuite, nous savons que la digestion des ruminants relâche dans l’air du méthane, un gaz à effet de serre 25x plus puissant que le CO2. Et enfin, il convient de rajouter tous les polluants issus de la consommation en énergie fossile nécessaire à la production, que ce soit au niveau de l’entretien des usines, de la transformation de la viande, de la conservation et bien entendu du transport.
Voici les quantités de rejet équivalentes en CO2 quand on consomme un aliment :
- Consommer 1kg de viande (sauf bœuf) = 35kg de CO2
- 1kg de bœuf = 70kg de CO2
- 1kg d’oeuf ou de poisson = 6kg de CO2
- 1kg de lait = 2kg de CO2
- 1kg de soja = 2kg de CO2
- Autres : tomate (1.5kg), blé (1kg), patates (0.4kg), sucre (0.1kg)
Ces chiffres ont permis aux chercheurs de calculer notre empreinte carbone en fonction de ce que nous mangeons. En moyenne, manger 100g de viande par jour équivaut à rejeter 7kg de CO2. A l’inverse, pour le végétarien ou le végan, la consommation de 100g de protéine végétale sera équivalente à un rejet de 3kg de CO2. Ainsi, manger sans viande, c’est rejeter 2 à 3x moins de CO2 dans l’air. A l’heure où nous prévoyons un réchauffement climatique de 4°C d’ici la fin du siècle, changer de régime alimentaire paraît être l’une des solutions efficaces pour inverser la tendance.
Conséquences sur nos sols
D’abord et comme on l’a vu précédemment, il y a déforestation massive :
- On perd plus de 180 000 km2 de forêt par an (soit 2x la superficie du Portugal)
- L’élevage bovin représente 80% de déforestation de la forêt amazonienne : une partie est réservée pour le pâturage et l’autre pour la culture du soja et du maïs
En plus d’amener à la déforestation, nourrir le bétail suscite l’usage de toxiques tels que les herbicides, fongicides et les insecticides. Il y a ainsi contamination des sols et milieux aquatiques et notamment des nappes phréatiques. De nombreuses études mettent en évidence les problématiques des pesticides sur l’homme, vous voir ce reportage Arte sur le sujet.
D’autres toxiques proviennent des déjections animales de l’emploi des engrais minéraux pour faciliter la croissance des plantes. Cela donne lieu à des concentrations élevées en nitrates et en phosphates responsables de l’invasion de plantes aquatiques et d’algues vertes : lumière et oxygène se raréfient et la faune sauvage locale tend à disparaître.
Ensuite, il faut ne faut pas oublier que pour être productif, les bêtes doivent être maintenues en vie et se développer. Nous leur donnons donc des hormones thérapeutiques (même si l’emploi des hormones de croissance a été réglementé) pour maîtriser leur reproduction et des antibiotiques pour prévenir les épidémies qui présentent un fort risque lorsque la concentration des animaux est élevée. Résultat, la plupart des eaux transportent hormones et antibiotiques qui se retrouvent dans notre eau du robinet ce qui accroît le risque de maladie : notre système endocrinien est perturbé par les hormones et de nouvelles bactéries encore plus résistantes font leur apparition.
Dernier point, le sol et l’air sont étroitement lié et l’un impact l’autre. En effet, la pollution de l’air amène à l’acidification des pluies, ces mêmes pluies accentuent davantage le phénomène d’acidification des sols. Il sera difficile de maintenir un régime alcalin dans un environnement qui ne cesse de s’acidifier toujours plus.
Je vous encourage aussi à regarder la vidéo de Claude Bourguignon qui décrit bien la problématique de l’appauvrissement des sols causé l’agriculture moderne. Des alternatives sont également données.
Notre choix de vivre dans un monde cruel
La cruauté des modes d’élevages
Nous sommes cruels car nous faisons souffrir d’autres espèces animales bien souvent pour notre bon plaisir gustatif et traditionnel. Nous devons d’abord reconnaître ce que nous faisons :
- Nous réservons un espace vital douloureux :
Nous entassons les animaux dans des enclos, cages, tous remplis de déjections avec un éclairage artificiel et persistant qui affecte leur rythme biologique, les stresse et les pousse à s’agiter blessant ainsi leurs congénères. Certains passent leur vie sur quelques cm².
- Nous mutilons sans anesthésie :
Les dents sont limées et nous pratiquons le débecquage des poussins car le risque est qu’à l’âge adulte il s’attaque à ses congénères, faute d’être bien nourri. Les queues des porcs sont également coupées pour éviter qu’ils se mordent entre eux. Les porcs sont également castrés sans anesthésie.
- Nous organisons la mort :
Dans le cas des poules pondeuses, nous tuons les poussins mâles (par broyage) car ils ne sont plus « utiles » et il arrive bien souvent qu’il y ait des ratés. Il arrive par exemple que des lapins ou bœuf soient dépecés tout en étant encore conscient. Nous déterminons qui, quand et comment les animaux doivent mourir. Nous utilisons diverses techniques (gazés, électrocutés, hachage, écrasement, etc.) et nous poursuivons un processus de traitement où chaque partie est traitée spécifiquement.
- Nous nions leurs besoins pour mieux répondre aux nôtres :
Les veaux sont retirés de leur mère dès la naissance.
Nous gavons les canards pour le foie gras.
Les vaches sont soumises à des grossesses forcées et à la traite intensive.
- Nous pêchons massivement :
Aussi étrange que cela puisse paraître, les poissons possèdent un système nerveux central et peuvent donc ressentir la douleur. Que se passe-t-il lorsque nous remontons les poissons des profondeurs ? Il y a décompression, leurs organes éclatent mais au bout du fil, ils meurent par asphyxie ou écrasés par le poids de leurs congénères.
Ce ne sont que quelques exemples, ils ne sont pas représentatifs de tous les modes d’élevage ou de traitement. Les labels « bio » ou « humain » diminuent peut-être l’intensité des souffrances animales, limitent l’utilisation de pesticides mais ne changent pas cette réalité. De plus, l’empreinte carbone de ce type d’élevage est probablement plus élevé du fait que les animaux vivent plus longtemps. De plus, on sait que ce mode d’élevage nécessite encore plus d’espace, or on utilise déjà 1/3 de la surface de la planète, ce qui ne résoudra pas les conséquences environnementales. L’étiquette bio renvoie une image positive et c’est sans doute un peu vrai (santé, entretien des bêtes, etc), mais le problème reste que la consommation de produit bio tend à maintenir notre distance avec l’animal, et donc à persister dans une forme de cruauté qui se révèle déjà problématique pour l’environnement.
La déconnexion du règne animal ou l’antipathie du monde moderne
Quand nous mangeons de la viande, nous ne voyons pas le cadavre d’un animal mort, nous ne nous intéressons que trop rarement à son mode d’élevage et à sa fin de vie. Nous n’y pensons pas, nous avons fait de la consommation de viande la normalité d’un régime équilibré, d’une société moderne. Quoi de plus normal quand nous ne sommes plus au contact des animaux, de la nature, que nous vivons en ville avec un tas de choses bien plus importantes à gérer.
Malgré nos modes de vie, nous avons de l’affection pour nos animaux de compagnie (chien, chat,…). Nous allons jusqu’à dire que nous aimons les animaux, nous sommes parfois prompts à défendre avec vigueur la cause animale. Cependant, ce que nous disons ne reflète pas toujours notre comportement : nous continuons à manger de la viande et encourageons l’élevage industriel par voie de conséquence. Il semble que les morceaux de viande que nous achetons au magasin ou que l’on nous sert dans l’assiette ne suscitent pas d’empathie ou de révolte particulière. On parle alors de dissonance cognitive.
Pourquoi ? Peut-être parce que nous n’avons pas de relation directe avec les animaux d’élevage, nous n’y pensons presque jamais même si nous savons dans quelles conditions ils vivent et meurent. Nous ne remettons rarement en question les choses pour lesquelles nous ne nous sentons pas « connectés ». Mais à l’heure où l’information circule du matin au soir, il nous arrive d’être confrontés à la souffrance animale à travers Internet, la télévision, un reportage ou une discussion. Dès lors, je mesure obligatoirement un décalage entre mon comportement et mon ressenti direct : je mange de la viande et j’éprouve de l’empathie pour ces animaux d’élevage. Pour faire face à ce dilemme, deux grandes stratégies s’offrent à nous :
- Nous en évader : nous avançons quelques arguments empruntés à la science, à l’histoire, à la tradition, à la religion, aux idées qui sont dans l’air du temps (nous avons besoin de protéines, c’est nécessaire pour l’économie, l’homme est supérieur, etc.). Nous pouvons aussi avoir peur de regarder la mort en face, de voir que nous subissons le même sort.
- L’affronter : diminuer/stopper sa consommation de viande, communiquer autour du sujet, etc…
Dans les deux cas, nous adoptons une stratégie pour face à notre propre souffrance. La première nous invite à penser à autre chose ou à expliquer de manière plus ou moins logique la situation, la seconde nous invite à prendre soin directement de ce ressenti, à le comprendre pour ne plus se faire souffrir. Si nous comprenons que la première stratégie n’est pas une solution long terme, qu’elle nous renferme plus qu’elle nous libère, il nous faut nous pencher sur la seconde.
Cette seconde option nécessite beaucoup d’attention car elle équivaut à voir pourquoi nous sommes apathiques et parfois violents, à voir pourquoi l’humanité est arrivée à infliger autant de souffrance, à être aussi cruelle envers les animaux. Pour peu que nous creusions le sujet, nous nous rendons compte que le problème est bien plus large, qu’il concerne aussi les relations entre nous les humains. En effet, prenons l’exemple de l’esclavage, n’y trouvez-vous pas une situation très similaire ? Autrefois, ne traitions-nous pas les esclaves comme des animaux : utilisation de cages, de chaînes, entassement, châtiments, séparation des parents et des enfants, marquage au fer rouge, eugénisme. Et puis, n’avions-nous pas les mêmes sortes de discours à leur encontre : c’est pour l’économie, pour Dieu, c’est dans sa nature de servir son maître blanc, ils ne sont pas rationnels, etc. Nous faisions déjà preuve d’une grande imagination pour séparer les droits des Hommes entre eux. Cette imagination s’est largement étendue aux animaux et peut-être devrions-nous revoir ces bases dont nous ne savons plus trop sur quoi elles s’appuient.
Affronter la souffrance
Si nous ressentions de la compassion à l’égard des animaux (qu’ils soient dehors ou dans notre assiette), nous ne mangerions pas de viande, nous ne les ferions pas passer par tant de supplices, à moins de trouver du plaisir à faire souffrir ou à se faire souffrir. Je pense que cette compassion est mise à mal par un manque de proximité avec la nature, les animaux et soi-même. Nous sommes perdus dans les affaires du monde et oublions de revenir à ce qui tient lieu de la souffrance.
Affronter cette souffrance pour mieux la comprendre et la contourner peut nous être difficile car nous sommes devenus pour la plupart quasi insensibles aux traitements réservés aux animaux. Mais cette insensibilité a des failles car elle repose en grande partie sur notre environnement direct. Les neurosciences apportent d’ailleurs un nouvel éclairage sur la nature humaine et montre combien nous sommes influencés tout au long de la vie par notre environnement. Elles nous décrivent comme un potentiel qui peut prendre une infinité de directions. Chacun veut la direction qui le mènera au bonheur mais malheureusement, les règles que nous avons mises en place et qui s’appliquent aujourd’hui ne sont pas toutes bonnes à suivre car elles génèrent plus de souffrance que de bonheur. Je vous encourage à lire « Les lois naturelles de l’enfant » de Céline Alvarez qui a su tirer parti du potentiel des enfants en milieu défavorisé, à le développer plutôt qu’à l’étouffer.
Affronter la souffrance, c’est redécouvrir notre potentiel de vie, ce qui demande de rester au contact de soi-même et du monde, de son ressenti pour avoir la capacité d’agir directement sur les causes. Malgré la simplicité apparente de la chose, cette connexion avec soi et le reste du monde est l’une des plus difficile à réaliser car nous sommes pris dans la spirale de nos pensées, de nos petits et grands plaisirs et de nos peurs. Cette connexion au monde (notamment animal) ne pourra s’amorcer qu’avec la déconstruction d’une partie de ce que nous pensons ou idéalisons (au sujet des animaux par exemple) car c’est cela qui nous maintient dans l’atonie générale (dans nos habitudes alimentaires).
En attendant, comme je tente de le démontrer à travers les recettes que j’improvise chaque jour, la suppression immédiate ou progressive des produis animaux n’enlève en rien le plaisir gustatif à travers la diversité des produits que la nature nous offre.
Pour finir, je vous invite à m’écrire si vous avez des objections, questions ou remarques, je reste très ouverte à la discussion sur le sujet.
Pour aller plus loin :
- Vous pouvez lire « Voir son steak comme un animal mort », Martin Gibert
L’alimentation animale, une nécessité dans certains cas
Je rajoute ce petit paragraphe qui va à l’encontre de cet article car le but n’est pas de rester dans l’idéologie du -isme mais de faire preuve d’intelligence quand cela s’avère nécessaire. En effet, selon votre état, il est possible que la consommation de produits animaux soit vitale ou du moins garantisse que vous soyez dans un bon état physique. Je compléterai ce paragraphe au fil du temps dont voici les premiers éléments. La consommation de produits carnés est à envisager dans les cas suivants :
- Digestion difficile des végétaux (fibreux), du soja, des légumineuses ou des oléagineux
- Tempérament nerveux / frileux
- Perte musculaire (à surveiller de près quand on bascule vers un régime végétal)
- Faim qui entraîne du grignotage en journée
- Nécessité d’une alimentation dense (fatigue ou autre état faible de santé)
- …